À travers cette série de portraits, un kaléidoscope de l’agriculture féminine française, la présenter sous divers aspects.
Parcourir les régions françaises et aller à la rencontre de ces productrices. Elles sont céréalières, maraîchères, éleveuses, ou encore viticultrices, certaines néo-agricultrices. Toutes très impliquées dans le développement durable, avec conscience, elles utilisent les circuits courts, et ont souvent renforcé leurs actions, lors des deux années de pandémies.
Dernièrement, la pandémie de Covid 19 a pointé du doigt la nécessité d’une plus grande autonomie de nos ressources, et l’importance des acteurs de développement locaux. Ce fut notamment le cas de notre agriculture. Lors du premier confinement, les fragilités du système alimentaire français ont été mises en évidence.
En réponse, des pratiques alternatives, une dynamique de transformation mise en place depuis quelques décennies se sont renforcées, notamment les circuits courts.
Ce nouveau paradigme amorce peut-être la fin du dogme de l’agriculture intensive, attendue depuis plusieurs décennies.
En effet, depuis le début du 21ème siècle, une vague de contestation gronde. De très nombreux acteurs du monde agricole, étouffés par les emprunts et la pression des prix, sensibles au respect de la nature et à la sauvegarde de la biodiversité, cherchent à faire bouger les lignes vers une agriculture plus durable. Une vision qui se propage au sein de la population, mis en exergue, accentuée, renforcée, par ces deux années de pandémie.
J’ai croisé au cours de mes reportages des agriculteurs et des agricultrices « paysans, paysannes » qui avaient choisi de prendre une nouvelle direction, de s’en sortir. De se sentir responsables et acteurs face aux enjeux climatiques, à la qualité de l’eau. De relever la tête à l’idée de produire une nourriture saine et durable, conscients du rôle qu’ils ont à jouer en faveur de la biodiversité.
J’ai été frappé de voir que bien souvent, les femmes montrent l’exemple, au point d’en être souvent les actrices principales, le fer de lance de ces nouvelles pratiques agricoles.
Seules, en couples ou en familles, mais décisionnaires. Elles sont porteuses d’une agriculture plus responsable, plus saine. Avec une approche différente, mieux intégrée au numérique. Plus ouverte aux enjeux nationaux et internationaux, meilleures communicantes sur les maux dont on accuse l’agriculture aujourd’hui. Ici comme dans de nombreux autres domaines, les femmes montrent le chemin malgré les obstacles, et malgré avoir été longtemps reléguées à un rang secondaire.
Pourtant dans l’agriculture, la place de la femme a de tout temps existé. Dès 1872, une femme, George Sand, alerte sur les dangers de la surproduction et de l’épuisement des ressources naturelles, de la déforestation et de l’assèchement des terres.
« Si on n’y prend garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement, sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’Homme. » George Sand assimile la nature à un bien commun, alerte sur l’utilisation des terres agricoles, s’interroge sur la façon de gérer les cultures qui ne soit pas préjudiciable à un capital qu’il faut absolument préserver.
Avec un siècle et demi d’avance, c’est donc une figure du féminisme qui pose les bases de ce que l’on appellera plus tard le développement durable. C’est au cours des deux guerres mondiales que les femmes, comme dans le secteur industriel, rappellent à quel point leur rôle est essentiel. Peu à peu, elles prennent la place qui leur revient. Depuis 2019, près d’un
exploitant sur quatre est une femme (26% selon le ministère de l’Agriculture).
Qui sont ces femmes ?
En majorité non issues du monde agricole, elles sont plutôt jeunes, diplômées, et souvent seules à la tête de leur exploitation. Elles sont aussi engagées.
Ce sont des femmes engagées dans leur quotidien de cheffes d’entreprises, dans la promotion du « bio », mais aussi dans leur quotidien de mères, de conjointes, d’associées… Les « néo-agricultrices », « hors cadres familiaux », « non issues du milieu agricole » sont de plus en plus nombreuses à choisir cette filière, sans être du sérail. Une tendance qui risque bien de se confirmer dans les prochaines années, puisque selon le Ministère, on observe une nette recrudescence d’élèves de sexe féminin en enseignement agricole.
C’est cette affirmation de l’importance des agricultrices dans le monde agricole, allant de pair avec une approche plus responsable de l’agriculture, en lien avec son environnement naturel et sociétal, que je veux mettre en lumière. Il s’agit d’une série de portraits et de reportages de femmes, autour du monde agricole durable, Un partage des moments de vie avec ces
actrices d’un nouveau monde agricole qui relève la tête et dessine un nouvel avenir.
Gironde – Bérénice Walton, 30 ans, éleveuse de vaches bazadaises, à Arveyres.
Charente Maritime – Christine et Cécile Nadreau du Jardin de la Josière, sur l’île d’Oléron
Drôme – Elise Levasseur, pépiniériste
Calvados – Gwendoline, maraîchère
Haute Alpes – Mathilde Sainjon, « bergère des Cimes »
Haute-Savoie – Noémie Lachenal de la bergerie de l’Eolienne
Haute Provence – Sandrine Faucou Bourne – Céréalière
Loire Atlantique – Véronique Günther-Chéreau et sa fille Aurore, viticultrices